DRAFT: This module has unpublished changes.

La Traduction du Sens et du Son dans « Recueillement » de Baudelaire

 

         « Recueillement » est, à mon avis, l’un des plus beaux poèmes de Baudelaire. Il devient l’un des poèmes le plus célèbre et le plus traduit de Baudelaire depuis la publication de ce poème en 1868 dans la troisième édition des Fleurs du mal.  La raison principale de sa popularité sans doute est sa qualité sonore ainsi que ses idées et son emploi de symboles qui font réfléchir, le tout très emblématique de Baudelaire.  

        Afin de démontrer ces caractéristiques distinctives  et d'examiner quelques méthodes employées pour le traduire, j’ai l’intention d’analyser certaines traductions ou bien interprétations de « Recueillement ». D'abord  je vais analyser le poème de Baudelaire, ensuite je vais étudier quelques traductions du poème en anglais, puis je vais présenter mon opinion de ces traduction, et enfin je vais présenter ma traduction du poème.

 

        Recueillement

 

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:                          
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,                     
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.                    

A

B

A

B

 

 

Pendant que des mortels la multitude vile,                        
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,                
Va cueillir des remords dans la fête servile,                        
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,                    

C

D

C

D

 

 

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,                
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;                       
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;                        

E

F

E

 

 

Le soleil moribond s'endormir sous une arche,                    
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,                      
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.         

G

H

G

                                                                            (Baudelaire, 1958, 154)

 

"Recueillement" est un sonnet en alexandrins, à une exception près. Les deux quatrains ont des rimes croisées et les deux tercets des rimes plates.  Les rimes « a » et « c » des quatrains sont suffisantes (/il/), ainsi que les rimes « b » et « d » (/si/). Les rimes « e » et « g » sont des deux rimes riches. Les mots féminins et masculins à la fin de chaque vers correspondent à la disposition de ces rimes. 

        L'allitération et la répétition des syllabes développent la sonorité du poème.

Baudelaire emploie souvent l'allitération dans ce poème : « Sois sage »; « tiens-toi/tranquille »,  « s’endormir sous »,  « long linceul ». La ponctuation a beaucoup de valeur dans ce poème, surtout quand elle fait alterner le rythme des vers traditionnellement alexandrins avec ceux divisés en trois--comme les premier, deuxième, huitième et le quatorzième vers. Un autre élément formel où il s’agit du son, c’est l'anaphore dans le dixième et onzième vers : 

 

                    Sur les balcons du ciel, en robes surannées;                       
                    Surgir du fond des eaux le Regret souriant; 

 

      La structure des strophes dépend beaucoup du point de vue du lecteur. Par exemple, dans les deux quatrains, le locuteur remarque et montre à sa Douleur des phénomènes qui se produisent autour de lui : une atmosphère obscure qui enveloppe la ville, et les grandes foules qui participent à une fête. Par opposition, dans les tercets suivants le lecteur se lève les yeux au ciel et agrandit son regard pour apercevoir des phénomènes plus généraux et figurés. 

 

        Alors que ces caractéristiques formelles soulignent le côté parnassien chez Baudelaire, il existe toujours son côté métaphysique et symboliste qui correspond au sens de ses poèmes.  On trouve quelques symboles et liens extérieurs qui donnent un certain sens aux mots dans ce poème. A titre d’exemple, le mot «Douleur » est personnifié et se trouve souvent chez Baudelaire. (Voir «Crépuscule du soir », « L’Ennemi » et « La Vie antérieur », « La Corde ». ) Baudelaire utilise parfois ce mot comme quelque chose de délicieux, par exemple dans  cette commentaire du modernisme de Delacroix qu'il appréciait: 

 

« Delacroix affectionne Dante et Shakespeare, deux autres grands peintres de la douleur humaine; il les connaît à fond, et il sait les traduire librement. En contemplant la série de ses tableaux, on dirait qu'on assiste à la célébration de quelque mystère douloureux. » 

 

Zahi Zalloua, "Baudelaire and the Translation of Modernity," Romance Notes 48.1 (Fall 2007), 68.

 

Evidemment, ce qui est douloureux pour Baudelaire a aussi de la valeur pour lui et ce qu’il tient vraiment à coeur. En fait, il désire la douleur et la cherche activement en jouant son personnage du poète maudit.  Le  mot « Douleur » dans ce poème, a une signification symbolique est importante. Par exemple,  le placement du verbe « réclamais » dans la première strophe paraît assez important et attire l'attention sur la personnification de la douleur. La douleur devient non seulement familière et chère mais également  peut-être même naïve. Sa « Douleur » qui va être juxtaposée plus tard à son « Plaisir ». 

              En guise de conclusion, on pourrait constater qu’il y a de nombreux aspects sur lesquels on pourrait se concentrer dans la traduction. Le traducteur doit décider ce qui est le plus  important pour lui et pour le poème. A priori on pourrait prendre de telles décisions concernant l’importance poétique si on se pose quelques questions, par exemple : Le son d’un poème, est-il l'élément le plus singulier et signifiant ? Est-ce qu’une traduction, doit-elle préserver le schéma rimique et le mètre du poème d’origine, même aux dépens du sens ? Est-ce que les mots d’une traduction, doivent-ils provenir de la même époque que ceux de l’original ? Doit-on réinterpréter le sens d’un poème dans le contexte social actuel en le traduisant ? La réponse à de telles questions pourraient avoir beaucoup à voir avec la traduction définitive du poème.

 

            Les deux  « Meditations », les traductions de « Recueillement » par Roy Campbell et Geoffrey Wagner  démontrent les choix de traducteurs. 

 

Meditation

 

Be good, my Sorrow: hush now: settle down.
You sighed for dusk, and now it comes: look there!                
A denser atmosphere obscures the town,                               
To some restoring peace, to others care.                               

A

B
A
B

 

 

While the lewd multitude, like hungry beasts,                         
By pleasure scourged (no thug so fierce as he!)                      
Go forth to seek remorse among their feasts —                      
Come, take my hand; escape from them with me.                  

C
D

C

D

 

 

From balconies of sky, around us yet,                                    
Lean the dead years in fashions that have ceased.                  
Out of the depth of waters smiles Regret.                               

E

F

E

 

 

The sun sinks moribund beneath an arch,                               
And like a long shroud rustling from the East,                          
Hark, Love, the gentle Night is on the march.                           

G

H

G


— Roy Campbell, Poems of Baudelaire. New York: Pantheon Books, 1952.

 

             La traduction de Roy Campbell a quelques caractéristiques. Campbell essaie de respecter le schéma des rimes du poète, qu'il réussit à faire sauf au premier tercet.   Le traducteur n'a pas respecté la syntaxe de Baudelaire dans ce tercet non plus. Quelques choix de mots particuliers m'intéressent dans cette traduction.  Par exemple, il traduit « réclamais » (vers 2)  par « sighed », ce qui met l'accent sur le regret ou le remords plus que sur l’exigence.  Une autre traduction qui m'intéresse est celle de « vile » par le mot « lewd ».  Pour moi le mot « lewd » a une connotation trop sexuelle qui ne correspond pas à  « vile ». A mon avis il aurait mieux valu traduire « vile » par « vulgar » ou bien simplement « vile ». Il me semble que cette traduction accorde plus d’importance à la rime et au vocabulaire de l'époque de Baudelaire et moins d’importance au sens littéral du poème. Par ailleurs, Campbell décide de ne pas employer le vocabulaire de sa propre époque.

 

Meditation

 

 

 

Be wise, O my Sorrow, be calmer.                                        
You implored the evening; it falls; here it is:                        
A dusky air surrounds the town,                                           
Bringing peace to some, worry to others.                     

      

Whilst the worthless crowd of humanity,                                 
Lashed by Pleasure, that merciless torturer,                           
Go to gather remorse in slavish rejoicing,                               
Give me your hand, my Sorrow; come with me,   

                    

Far from them. See the dead years leaning,                           
In worn-out clothing, on the balconies of the skies;                 
See how Regret, grinning, rises from the deep waters;  

           

The dying sun goes to sleep in an archway,                            
And, like a long shroud dragging from the East,                       
Hear, O my dear one, hear the soft night coming.                    

A

B

C

D

 

E

F

G

E

 

H

I

J

 

K

L

M

— Geoffrey Wagner, Selected Poems of Charles Baudelaire. New York: Grove Press, 1974.

 

     La traduction de Geoffrey Wagner est nettement différente de celle de Campbell. Il choisit de ne pas respecter la rime chez Baudelaire, et sa traduction est beaucoup plus littérale. Par exemple, le mot « implored » est plus près de « réclamais » que « sighed » chez Campbell. Une autre traduction à examiner chez Wagner est la traduction de « en robes surannées » par « In worn-out clothing ».  Même si l'adjectif « suranné » pourrait se traduire par « outdated » ou « obsolete », l’adjectif « worn-out » me plaît plus comme Baudelaire personnifie les années dans le sonnet, une image qui correspond au processus de « wearing out ».  Un autre élément intéressant de cette traduction est la répetition de « See » et l’emploi des mots « See how » (vers 11) qui relient « Regret, grinning, rises from the deep waters; » aux  « dead years leaning ». En plus, le choix du mot met l'accent sur la vue et renforce la personnification du douleur.

      Bref, il paraît que cette traduction de Geoffrey Wagner souligne le rôle de la personnification. Il met l'accent sur le symbolisme. La traduction efface la musicalité du poème et accorde plus d'importance au sens littéral du texte.  C’est une version qui donne plus d'importance au sens que celle de Roy Campbell.

 

Voici ma propre traduction : 

 

Contemplation 

Be good, my Grief, and quiet down.                                          

You cried out for the Evening; and look; it is falling:                 

A dark atmosphere envelops the city,                                       

Bringing peace to some, worry to others.                               

 

As the crowd of abject mortals,                                                 

Under the whip of Pleasure, the merciless torturer,                  

Goes to find remorse in servile festivities,                                 

My Grief, give me your hand, come away with me,                    

 

Far away from the crowds. Look-you at the bygone Years,       

Hanging from the balconies of the sky, in outdated dresses;    

From the depths of water arises smiling Regret;                       

 

The dying Sun goes to sleep under an arch,                              

And, like a long shroud stretching out from the East,                

Listen, my dear, and hear how sweetly Night steals away.       

A

B

C

D

 

E

F

G

H

 

I

J

K

 

L

M

N

      J’ai pris quelques décisions importantes quand j'ai entamé cette traduction. Pour moi, il était important de traduire « Soir » par « Evening » (vers 2) et « Nuit » par  « Night » (vers 14)  pour montrer le passage du temps au sein du poème.  J’ai décidé de traduire le mot « souci » par « worry » au lieu du mot « care »--comme dans un bon nombre de traductions. Ce vers baudelairien me semble juxtaposer la paix et le souci. Autrement dit, les mots « peace » et « care » se rapprochent.

            L'un de mes choix le plus important était de ne pas faire de rimes. Je suis arrivé à cette décision après avoir lu d’autres traductions, un processus qui m’a fait remarquer que des traductions sans rime étaient dans l’ensemble plus précises en ce qui concernent le sens et le contexte historique du texte. Je me suis aussi rendu compte que n’importe quelle rime d'une traduction ne peut jamais reproduire ou même s’approcher à la sonorité des rimes du texte original. En fait, il me semble très contre-productif de respecter les rimes dans une traduction, car on transforme trop facilement le sens du poème. 

           Le but de ma traduction était de garder les juxtapositions, symboles et mots de Baudelaire autant que possible en traduisant ; deuxièmement, j’ai voulu rendre ma traduction aussi pertinente que possible au temps actuel. A mon avis, ce qui est important avec une traduction poétique, c’est de faire comprendre le public l'essentiel du poème d’origine. Une fois complété, les lecteurs sont laissés inventer leurs propres idées, au lieu d’être limité par ce que le traducteur a peut-être invité. 

  

         Pour voir si Baudelaire lui-même aurait abordé le processus de traduction d’une façon semblable--d’une manière littérale et fidèle à l’original--j’ai recherché des traductions d’Edgar Allen Poe qu’a fait Baudelaire. J’ai trouvé la nouvelle The Murders in the Rue Morgue de Poe que Baudelaire a traduit dans son recueil de Poe intitulé Histoires extraordinaires. En mettant en parallèle les deux premières pages de cette nouvelle et la traduction baudelairienne, j’ai remarqué que Baudelaire l’a traduite très littéralement, et qu’il a pris très peu de libertés. Donc, Baudelaire aurait-il préféré les traductions plus littérales de ses poèmes comme celle de Geoffrey Wagner ? 

A titre d’exemple du style de traduction baudelairien, voici la première phrase de The Murders in the Rue Morgue et la traduction de Baudelaire qui est presque complètement mot-à-mot :

 

“The mental features discoursed of as the analytical, are, in themselves, but little susceptible of analysis.” (Poe, 46)

 

« Les facultés de l’esprit qu’on définit par le terme analytiques sont en elles-mêmes fort peu susceptibles d’analyse. » (Baudelaire, 33) 

 

          En guise de conclusion, les méthodes pour traduire Baudelaire sont nombreuses et ont comme résultat une grande variété de traductions. Il est donc question de comment traduire ou bien comment interpréter ce poète, comme une traduction provient toujours d’une interprétation. Cependant, bien qu’une traduction dépende d’une interprétation personnelle, les meilleures traductions soient souvent celles qui diminuent l'importance de l'interprétation. 

 

***

 

Références

 

Baudelaire, Charles. Histoires extraordinaires.

http://www.ebooksgratuits.com/pdf/poe_histoires_extraordinaires.pdf

 

Baudelaire, Charles, The Flowers of Evil: A Selection. M. et J  Mathews.  New York: New Directions, 1958, 154. 

 

Campbell, Roy.  Poems of Baudelaire. New York: Pantheon Books, 1952.

 

Poe, Edgar Allen.  Tales of Edgar Allen Poe. New York: Random House, 1944, 46.

 

Wagner, Geoffrey.  Selected Poems of Charles Baudelaire. New York: Grove Press, 1974.

 

Zalloua, Zahi.  "Baudelaire and the Translation of Modernity," Romance Notes 

     48.1 (Fall 2007) 68.

 

DRAFT: This module has unpublished changes.

Les expressions avec le diable

 

        Les expressions françaises qui utilisent le diable comme figure sont nombreuses. Pour moi, le diable est un être--ou une espèce de monstre--religieux ou mythologique. Ce personnage est l’un des plus riches et plus « modifiés » à travers la littérature française, alors, il est bien utile de l’examiner dans de diverses expressions. Dans son recueil 100 expressions à sauver, Bernard Pivot explique que des expressions du langage courant indiquent un déclin de la position sociale du diable par rapport aux expressions d’autrefois (3). Dans ma présentation de deux de ces expressions, je vais examiner l'époque où l'expression trouve son origine, sa signification et puis, je tenterai de la traduire en anglais. 

    Sans doute "tirer le diable par la queue" est une de expressions les plus connues. Elle paraît dans la langue française avant le dix-septième siècle. (4) Selon Pivot, l’expression s'emploie toujours. (3)

    Quant au sens de cette expression il y a de nombreuses interprétations. Elle évoque l’idée de vivre difficilement et de ne pas parvenir à joindre les deux bouts. Si des problèmes avec l'argent mène à la vie dure, c’est probablement là où apparaît le diable. Peut-être que le diable arrive quand une personne est réduite à ses derniers expédients, et il lui offre de l’argent contre la possession de son âme. Certaines personnes pensent que la queue du diable figure aussi dans une telle histoire : on a recours de tirer la queue afin d’attirer l’attention du diable, pour qu’il vous aide. (4)

     Même si c’est peut-être la définition la plus répandue de "tirer le diable par la queue," on rencontre parfois différentes interprétations qui viennent d’une époque plus ancienne. Par exemple, le Littré  du dix-neuvième siècle définit cette expression ainsi: "être dans une position gênée." (1)  Le sens était donc plus général il y a deux siècles. De surcroît, à une époque  antérieur, cette expression voulait dire "travailler humblement pour gagner raisonnablement sa vie." (5) Cette définition me paraît bizarre : elle n'a rien à voir avec la difficulté de vie ou la gêne. 

    Pour traduire cette expression sans perdre son sens actuel, il ne faut pas s'y prendre mot à mot car si l'on s'y prenait ainsi, sa traduction "to pull the devil by his tail" ne signifierait rien. En revanche, si l'on considère le sens de cette expression, on arrive peut-être à traduire l'expression plus exactement : "to live from hand to mouth" ou bien "to have difficulty making ends meet." (5) A priori, il est souvent possible de faire une bonne traduction d'une expression en intégrant le sens propre et le sens figuratif, mais une telle traduction ne me semblerait pas marcher ici où la tache de relier le sens littéral au sens figuratif serait trop difficile. Il est donc plus efficace de préserver un sens figuratif à cette expression.

        Une autre expression avec le diable, c’est "avoir la beauté du diable." (3) Cette expression m’intéresse comme on ne pense pas normalement à la beauté du diable. Mais si l’on y réfléchissait autrement, on comprendrait que cette expression s’adresse à l'âge du diable. On peut arriver à cette conclusion en pensant que le diable n’est plus beau, et que cette beauté fait référence à un état physique qui n’existe plus.  Alors "avoir la beauté du diable" peut évoquer l’état fugitif de la beauté qui disparait rapidement avec la jeunesse. (2)

    Mais ce ne pas la seule manière de préserver la beauté au diable dans cette expression. On peut également imaginer que la beauté est manipulée par le diable. Peut-être que le diable contrôle la beauté humaine : c'est lui qui peut modifier la beauté de n'importe qui selon sa volonté. En fait, c'est l'idée au centre du roman Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde. 

            Cette expression se traduit bien par une locution assez littérale. Ici, il n’est pas très difficile de relier le figuratif au littéral, de relier la beauté éphémère et l’image du diable. Alors, tenant compte de ces éléments, voici mes deux traductions : "to have the ephemeral beauty of the devil," "to have one's youthful beauty controlled by the devil."

 

Bibliographie

 

(1) « diable » extrait du dictionnaire Littré : http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definition/diable

 

(2) « La Beauté Du Diable » extrait du site web « Expressions Françaises » : http://www.expressions-francaises.fr/expressions-l/1985-la-beaute-du-diable.html

 

(3) Pivot, Bernard. 100 expressions à sauver. Paris : Albin Michel, 2008. 62-63.

 

(4) « tirer le diable par la queue » extrait du dictionnaire arg. pop. fam. : http://www.languefrancaise.net/bob/detail.php?id=8239

 

(5) « Tirer le diable par la queue » extrait du site web « expressio » : http://www.expressio.fr/expressions/tirer-le-diable-par-la-queue.php

 

 

DRAFT: This module has unpublished changes.

 

Tomber dans la gueule du loup !

 

      Je voudrais examiner aujourd’hui l’idiome français tomber dans la gueule du loup et ses expressions homologues. Cette expression me semble l’une des plus connues et plus utilisées en français, et elle contient le thème important d’un loup qui se reproduit dans d'autres. A titre d’exemple, on peut trouver, entre d’autres, ces dictons qui se rapportent aux loups : avoir une faim de loup ; avoir vu le loup ; à force de crier au loup ; se jeter dans la gueule du loup. Cette dernière ressemble de manière générale à l’expression en question, alors qu’elle contient aussi des différences plus subtiles de sens (« Se jeter dans la gueule du loup »). 

         L’intérieur de la gueule d’un loup, aux crocs probablement tranchants, serait quelque part où personne ne voudrait se retrouver, et c’est pour moi cette image qui comprend l’essentiel de l'expression tomber dans la gueule du loup. En plus de cette image, un personnage désagréable et parfois diabolique est attribué aux loups depuis longtemps par les éleveurs--parce qu’ils veulent les repousser du bétail--et par des contes comme Le Petit Chaperon rouge. C’est donc un peu la réalité mélangée à  beaucoup d’imagination qui a développé cette crainte générale des loups, une crainte que l’on aperçoit dans certaines expressions comme celle-ci--quoi qu’elles soient anglaises ou françaises. (Lesserre 72)

          Revenons à notre expression : si quelqu’un tombait dans la gueule d’un loup, ou par extension dans un piège aussi flagrant et dangereux ; alors on pourrait dire que cette personne ne possède pas toutes ses facultés mentales, ou qu’elle n’est pas très consciente de ce qui l'entoure. Par ailleurs, même si les loups ne sont pas tous effrayants (comme celui qui mangea la mère-grand du Petit Chaperon rouge) il ne serait pas sage de tester cette hypothèse. Suivre les consignes de tomber dans la gueule du loup et ses variantes--marcher vers la gueule du loup, être dans la gueule du loup, cela ne serait surtout pas une bonne idée ! Donc, afin de faire quelque chose d'aussi imprudente qu'énerver un loup, il faut être très crédule ou bien franchement idiot (« Se jeter dans la gueule du loup »). 

           D'une certaine manière, il existe d’autres expressions françaises qui équivalent à tomber dans la gueule du loup, mais chacune a ses propres significations subtiles. Par exemple, être fait comme un rat porte un peu sur un tel danger inattendu ou pas perçu. Mais pour moi cette expression a plus à voir avec quelqu’un qui est appâté ou attiré (activement) par quelque chose, comme est une souris par un morceau de fromage (Lesserre 14). De même, quoique les actions de se jeter dans la gueule du loup et d’y tomber paraissent semblable, je pense que la première expression est même plus imprudente que la dernière. 

           Pour traduire notre expression tomber dans la gueule du loup en anglais on a beaucoup de choix. Le dictionnaire bilingue compact de Larousse (deuxième édition) traduit l’expression se jeter dans la gueule du loup par l'anglaise : to enter the lion’s den (« gueule »). Afin que cette traduction ressemble plus à l'expression d'origine avec tomber, on pourrait l'ajuster en ajoutant to fall into the lion’s den, et puis elle traduirait justement le verbe tomber qui a une connotation moins délibérée qu'a se jeter. Ce que je ne changerais pas dans cette traduction est le terme lion’s den qui me semble un endroit aussi indésirable que dans la gueule du loup--je pense que cette partie de la traduction garde bien le sens de l'expression originale. On pouvait relier ce terme lion’s den à d’autres équivalents français, tel qu’un panier de crabes ou un nid de vipères. 

 


Bibliographie

 

« gueule ». Larousse Dictionnaire Compact : Français-Anglais/ Anglais-Français. 2ème éd. 2001. 250.

 

Lasserre, François. Comme vache qui pisse : et autres expressions animales. Paris : Delachaux et Niestlé, 2011. 14, 72. 

 

« Se jeter dans la gueule du loup ». Expressio : Les expressions françaises décortiquées, 2009. Web. 16 nov. 2013. http://www.expressio.fr/expressions/se-jeter-dans-la-gueule-du-loup.php

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DRAFT: This module has unpublished changes.

Avoir beau + infinitif

 

      

  J’ai toujours du mal à comprendre l’idiome « avoir beau. » Je suis tombé maintes fois sur cette combinaison de mots dans mes livres et cependant cela ne m’a pas aidé. En fait, c’était un problème de traduction que je peux directement attribuer au dictionnaire en ligne Wordreference. C’était en partie la faute de l’entrée dans ce dictionnaire, mais aussi de la façon que je l’ai interprété.

        Depuis cette recherche initiale, ce qui me venait à l’esprit, c’était qu’ avoir + beau = however ou whatever. Je ne pensais pas à cette locution dans le contexte d’une phrase complète. Ma compréhension limitée était partiellement dû au manque de phrases complètes chez Wordreference. De plus, c'était dû à ma fainéantise de ne pas aller plus loin. Je me suis enfin rendu compte du sens exact de « avoir beau » en analysant son emploi dans l'écriture d’Amélie Northomb et en lançant plus de recherches sur ce sujet. 

         L'une de ces recherches m'a presenté un bon article sur « avoir beau » de Paul Louis Faye. C'est un article qui m'a beaucoup aidé comme il présente clairement les meilleures façons de le traduire en anglais et il donne de nombreux exemples idiomatiques. Faye dit que cette construction est généralement mal traduite par ceux qui ne la reconnaissent pas dans son contexte concessif. Par exemple, il arrive qu’une demi-phrase tel que « elle avait beau chanter » soit traduite incorrectement par “it was useless for her to sing” ou bien “she was singing in vain.” Une telle traduction n'est pas bonne et c’est en partie parce que la phrase d’origine « elle avait beau chanter » doit être accompagné d’une autre proposition pour qu’il ait du sens. Paul Louis Faye donne les exemples suivants pour illustrer la qualité concessive et propositionnelle de « avoir beau » : « Tu as beau te bassiner les yeux avec de l’eau fraîche, je vois bien que tu as pleuré. (Augier, Effrontés, IV. 2). » ; « J’ai beau vous citer, vous l’autorité la plus compétente en pareille matière, ça n’y fait rien. (Flaubert, Correspondance, 4e série, 88). » (Faye, 1930, 26-28)

         Une autre remarque valable que fait l’auteur, c’est que si la proposition avec  « avoir beau » est négative, l’autre proposition de la phrase doit être positive. Par exemple : « Tu as beau lui dire de ne pas le faire, il le fera tout de même. » Cette règle doit tenir également dans la traduction. A titre d’exemple voici la mienne : Although you tell him not to do it, he will do it anyways. 

Finalement, j’aime la suggestion de Lafaye que « avoir beau + infinitif » peut souvent se traduire par “much as + finite verb.” Il nous donne l’exemple de la phrase « Il a beau écouter, il ne comprend pas » et la traduction “Much as he listens, he does not understand.” Cette construction “much as...” me semble un équivalent bien convenable pour « avoir beau. » (Faye, 1930, 26-28)

         Il est bien utile de comprendre la structure grammaticale de cet idiome, mais c’est autre chose de pouvoir l’utiliser. Pour ce faire,  je pense qu’il est indispensable de lire et aussi d'entendre cette construction. Par exemple, l’emploi de « avoir beau + infinitif » qui me reste vraiment dans la tête vient d’une chanson de Jean Leloup intitulée "Promeneur".

          Dans "Promeneur", Leloup (qui s'appellait Jean Leclerc à cette époque) parle des amants qui se séparent--une séparation qui aboutit finalement au suicide du protagoniste. Leloup emploie « avoir beau » dans deux vers de cette chanson pour souligner le caractère inévitable de la séparation malgré peut-être certaines tentatives de reconciliation plus tard. Voilà les paroles de Promeneur avec la phrase qui comprend les « avoir beau »  en gras. 

La route est noire à présent
Il y a des rivières de sang
Le ciel se couvre plein d'orage
Je ne marcherai pas d'avantage

On a beau dire
On a beau faire
La vie suit son cours
Au gré des amours

Je t'aime et te quitte
Nous sommes quittes
Tu pars pour de bon
De toutes façons

Promeneur
La chanson que tu chantes
Je l'ai souvent chantée (x2)

Et la corde dont tu veux te pendre
Je l'ai souvent nouée (x2)

Et le clou où tu veux te suspendre
Je l'ai souvent cloué (x2)
Et le clou

Tu m'as recueilli
Tu m'as trahi
Les levers de soleil
Ne seront plus pareils

Combien de vieillards
Meurent en criant regrets
Il est beaucoup trop tard
Il est beaucoup trop loin

Promeneur
Dans ton terrain vague
Le cadavre qu'on drague
À la pointe du jour
C'est la fille du pasteur
Un ancien mercenaire
L'a tuée de colère

À présent
Il se cache et il pleure
Le canon d'un fusil
Pointé sur son coeur

Il repense
À sa mère
À l'enfance bénie
Et puis
Il tire, il vise bien (x2)
Il tire

(Jean Leloup)

 

 Bibliographie

 

Faye, Paul. " Avoir beau +infinitive", American Association of Teachers of French. Vol. 5, No. 1 (Oct., 1931), pp. 26-29.

DRAFT: This module has unpublished changes.

         Une carrière en traduction

         Les carrières comme traductrice ou traducteur comprennent un large éventail de spécialisations vu les créneaux économiques actuels. A ma connaissance, ces spécialisations peuvent aller des traducteurs des textes littéraires à ceux qui traduisent des documents officiels de gouvernements, et toute la gamme entre les deux. Avec ces différences spécialisées viennent plusieurs secteurs où on pouvait être employé comme traducteur. 

           A tout évidence, dans la situation économique actuelle il est plus facile de trouver du travail si l’on parvient d’exploiter une niche particulière--du moins aux Etats-Unis. Alors la meilleure stratégie pour décrocher un boulot qui paie bien et qui vous offre de la stabilité d'emploi, c’est peut-être de se spécialiser en un autre domaine comme les sciences politiques, le droit ou le commerce. A priori, une telle stratégie vous forme pour travailler dans un certain secteur, pour le gouvernement ou au sein d'une grande société multinationale. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’il est impossible d'avoir une carrière dans la  traduction par d'autres moyens. Par exemple, je pense qu’il serait bien possible de commencer plus graduellement comme traducteur, c’est-à-dire si l’on ne refuse pas de travailler à mi-temps ou d'entreprendre plus progressivement une carrière à partir des traductions plus générales. L'article “Career in Translation” par Meenakshi Gaur et Mamta Singh propose l’idée de commencer par la traduction des textes commerciaux si l’on ne s’est pas déjà spécialisé en quelque chose outre que la langue (1). 

          Si l’on veut avoir une carrière prestigieuse et exigeante dans la traduction, il en existe beaucoup d’options. Il y a des emplois auprès du gouvernement : par exemple, aux Etats-Unis, on peut travailler pour la CIA, le FBI, la NSA, la NVTC, ou bien une organisation intergouvernementale comme l’ONU (2). Malheureusement, la plupart de ces agences d'informations américaines, comme la CIA, ne cherchent actuellement pas de traducteurs de la langue française et s'intéressent plutôt aux langues du Moyen-Orient comme l’arabe, le pachto et des langues perses, ainsi que le chinois et le russe (3) (4). Quant à la NSA, je connais une femme qui y a travaillé longtemps comme traductrice du japonais ; à ma surprise, elle m’a dit qu’il ne fallait pas avoir un diplôme de deuxième cycle ou de la formation en traduction lorsqu’elle y a postulé. Je pense que cette agence requiert une plus grande formation aujourd’hui, mais je n’en suis pas sûr.

           En plus du secteur gouvernemental, il y a des sociétés privées qui sous-traitent leurs traducteurs à certains clients, dont le gouvernement est souvent un principal. Il semble que ces sociétés puissent souvent offrir du travail lucratif, mais c’est peut-être un travail moins stable comme traducteur que comme fonctionnaire (5). La plus efficace de ces sociétés semblent se situer dans les grandes métropoles telles New York, Washington et Londres. 

          De façon plus générale il existe des traducteurs partout. Par exemple il y a beaucoup de professeurs de langues qui ajoutent la traduction à leurs taches pédagogiques. Certains traduisent des ouvrages littéraires--une sorte de traduction qui est très nuancée--tandis que certains autres traduisent comme consultants à-côté de leurs fonctions professoriales. Donc, la traduction c'est quelque chose qui peut souvent s'ajouter à ou combiner avec une autre carrière. 

 

(1) http://www.employmentnews.gov.in/Career_in_Translation.asp

(2) https://careers.un.org/lbw/home.aspx?viewtype=LE&lang=fr-FR

(3) https://www.cia.gov/careers/opportunities/clandestine/ncs-language-officer.html

(4) http://www.nsa.gov/careers/career_fields/foreignlang.shtml

(5) http://www.translatorscafe.com/cafe/en-US/tools.asp?pn=fameagencies

 

DRAFT: This module has unpublished changes.

       Mon processus de traduction

 

         Même si les mots de mes traductions apparaissent noir sur blanc, mon processus ne l’est pas. Pour moi il n’y a pas une seule méthode directe de faire la traduction. C’est toujours une entreprise très variée et compliquée qui se prête à de multiples manières de l’entreprendre. Bref, je trouve la traduction difficile et il me faut de divers outils pour bien le faire. Je vais vous présenter certains de ces outils ainsi que mes pratiques envers la traduction.

      Les outils de traduction que j’utilise les plus souvent se trouvent sur les sites Web. De nos jours c’est très pratique d’utiliser ces outils en ligne, car l’internet, il est toujours à portée de main. L’un de ces outils sur internet que je trouve toujours disponible, grâce à mon phone portable ou ordinateur, c’est Wordreference.com. Ce site Web fonctionne comme un dictionnaire ainsi qu’un forum où des gens s’en entretiennent des milliers de sujets. Pour moi, ce forum constitue la partie de Wordreference la plus utile pour les traductions. Les gens qui s’y parlent, ils proviennent de différents pays et de différentes cultures : chacun a ses propres traductions et interprétations des mots. Alors, je me trouve souvent utiliser ce site, chaque jour en fait, pour rechercher des mots ou des idiomes. 

          A part Wordreference, il existe d’autres dictionnaires sur internet dont je m’en sers. Cela comprend la recherche lexicographique sur le site du CNRTL, la neuvième édition du dictionnaire de L’Académie Française--trouvé sur le CNRTL, et le Littré si mes recherches concernent un langage vieilli. A mon avis, ces dictionnaires-ci sont plus académiques et vastes que celui de Wordreference, et en mêmes temps chacun a ses spécialités. Par exemple, je trouve la recherche lexicographique très profonde mais son format m'est trop coincé et serré pour bien lire les définitions. Le format chez le Littré se présente mieux, mais c'est un dictionnaire souvent trop abstrait et démodé pour de bonnes définitions courantes. Enfin, je dois dire que le dictionnaire actuel de L’Académie Française me convient le plus : ses définitions sont plus condensées que celles du Littré ou du lexicographe, et il donne en même temps de bonnes explications. Mais c’est surtout question de ce qu’on recherche, et souvent je saute entre plusieurs dictionnaires en ligne pour bien engranger des informations précises. 

 Les livres que j'utilise comprennent des dictionnaires ainsi que des petits livres d'expressions et un thésaurus. Celui que j'utilise le plus souvent en traduisant, c'est mon dictionnaire bilingue de Larrousse. Je trouve que c'est un dictionnaire bien exhaustif pour approfondir les mots. J'aime bien m'en servir, si j'ai le temps, comme je trouve l'utilisation d'un vrai dictionnaire plus agréable et facile que celui en ligne. C'est un peu dommage que l'Internet soit si vite, sinon, j'utiliserais davantage les livres. 

     En plus de ces sites Web et livres, je m'en sers parfois de quelques petits carnets personnels. Certains de ces carnets fonctionnent comme des catalogues de mots que je ne connaissais pas autrefois. D'autres de ces carnets incluent des lexiques spécialisés que j'ai formés. Par exemple, j'ai dressé des listes de mots économiques et de mots des affaires, surtout d'un vocabulaire entendu à la radio. Je m'en sers de ces listes en faisant des traductions spécialisées. 

   Pour ce qui concerne mon emplois du temps, il me faut une durée différente pour chaque traduction. Je trouve les traductions littéraires les plus exigeantes, commes les traductions de la poésie et des romans. De l'autre côté, les traductions des articles sur les nouvelles me paraissent plus techniques et me prennent moins de temps d'habitude. 

 
DRAFT: This module has unpublished changes.